Même plus peur

Le dernier vendredi de chaque mois, 8 heures du matin, le café fume dans les mains des membres du club d’entreprises de soutien de Permis de Construire 44.
Ce vendredi, silence attentif dans la salle de réunion. La joyeuse voix de Anne Bertout nous présente Sophie BOUVIER.
Les deux gérantes de Conversens ont accueilli il y a plusieurs mois Christelle* dans leurs équipes.
Quand est-on prêt à accueillir dans ses équipes de travail un ancien détenu ?
Quand est-ce véritablement « le bon moment » ?
Quoi dire aux équipes ?
La liste des questions est infinie.
En écoutant le récit de Conversens, je me demande en quoi ce témoignage pourrait avoir valeur d’exemple.
Je me dis alors que la vraie question est « de quoi a-t-on peur ? ». C’est en répondant sincèrement, individuellement à cette question, que les réponses à toutes les autres interrogations seront justes.
Nous avons tous des peurs : peur de l’échec, de l’injustice, de la honte, de ne pas être aimé…
Première peur de Conversens : le télétravail généralisé aux autres salariés est il compatible avec l’accueil de ce type de public ? Comment accompagner une personne qui se réinsère professionnellement sans être « à côté d’elle » ? Pour l’accueil de Christelle, le télétravail est non seulement possible mais même préconisé.
Deuxième peur : imposer ce choix à des managers qui ne seraient pas en phase. L’accord de tous est recueilli avant d’enclencher le recrutement.
Troisième peur : Christelle saura t’elle passer d’un métier de terrain à celui de service de la relation client ?
Permis de Construire 44 a su travailler autour de ces craintes, aider Conversens à lever les freins.
Les peurs sont parfois irrationnelles, quelquefois basées sur des expériences négatives, souvent orientées vers celui qui est différent, mais toujours indispensables à faire exprimer.
Aujourd’hui, Conversens n’a même plus peur.

*l’identité de la personne a été totalement modifiée par respect de son intimité