Faire de la médiation est un choix professionnel qui incarne également un choix de société. Donner la parole aux personnes en conflit plutôt que laisser une autorité supérieure trancher à leur place. Il y a bientôt 10 ans, j’ai changé ma pratique professionnelle à propos de situations problématiques ou conflictuelles. J’ai choisi de proposer à des clients qui me sollicitaient d’arrêter les diagnostics, audits, pour proposer aux personnes ou équipes en souffrance de se dire ce qui leur pose problème. Dans cette droite ligne, j’ai décidé d’approfondir ma posture de médiatrice avec l’approche de la médiation relationnelle.
Cette approche vient du Canada et a été modélisée par Catherine Rossi et Serge Charbonneau, deux experts, chercheurs en criminologie comparée, et médiateurs. La médiation relationnelle ne cherche pas à changer les personnes, elle travaille à partir du vécu et des émotions des personnes, et pas du « réel ». C’est une inflexion donnée à la façon de répondre à un conflit, autrement et de façon complémentaire au droit et au soin. Ce type de médiation s’attache à réparer, avant tout les victimes mais également les agresseurs quand on est dans le champ de la justice pénale. Elle renonce à la neutralité posturale du médiateur et part du constat qu’un médiateur propose généralement des interprétations personnelles de ce qu’il comprend du vécu des personnes. Il s’agit alors de considérer que seule la personne elle même est experte de son propre vécu. Le médiateur admet qu’il peut influencer et tente de limiter au plus possible son influence dans le choix de ses mots, des moments de ses interventions. Le médiateur n’a pas d’intention pour les personnes qu’il accompagne, en particulier pas d’attentes de transformation des personnes. Seules les personnes sont en capacité d’exprimer leurs attentes, attentes qui peuvent bouger en fonction des temps de rencontre. Cette approche permet de préparer les personnes à imaginer ce qui va se passer si leurs attentes sont satisfaites. En un mot, le défi réside dans le fait d’épurer sa pratique de médiation pour avoir une écoute la plus attentive possible.
En guise d’amuse bouche avant une formation, je vous conseille leur livre ci dessous. Bonne lecture !