handicapLe métier d’homme, Alexandre Jollien

Je suis un anormal. On l’a dit, assez. Je l’ai senti. Les mouvements des yeux qui passent à l’examen chaque parcelle de mon être me l’apprennent : tel regard fixe le mien puis descend, là précisément où se trouve la preuve qu’il recherche :  »il est handicapé ». Ce que la plupart des gens perçoivent, c’est l’étrangeté des gestes, la lenteur des paroles, la démarche qui dérange. Ce qui se cache derrière, ils le méconnaissent. Spasmes, rictus, pertes d’équilibre, ils se retranchent derrière un jugement net et tranchant, sans appel : voici un débile. Difficile de changer cette première impression, douloureux de s’y voir réduit sans pouvoir s’expliquer.

Un très beau texte d’Alexandre Jollien qui décrit son parcours, et met en évidence le hiatus entre ce que l’on est profondément, et la façon dont les autres nous perçoivent. Une approche du handicap à méditer..